• Classification de la faune urbaine.

    Loin de moi l'idée de vous instruire ou vous faire chier constamment avec ça, mais je sens qu'il va encore falloir que je crache mon liquide buccal sur notre société...

    Je pense qu'on peut rencontrer trois mouvements fondamentaux parmis les jeunes actuels.

    Mais avant de commencer le classement proprement dit, je dois replacer la jeunesse actuelle dans son propre contexte. Prenons l'exemple de Jean D. Jean a aujourd'hui 16 ans ; il est en plein dans la moyenne d'âge des "jeunes" (de 13 à 21 ans).

    Jean est donc né en l'an de disgrâce 1993 ; le 21 Mars pour être précis. Depuis qu'il sait comment fonctionne une télécommande, Jean est adepte du "zapping". Il se tient donc au courant (même inconsciemment) des dernières nouveautés de chez Nikes, Adidas, Puma, Nestlé, Samsung, Nokia, Bertoli, Danone et Coca Cola© (pour ne citer que ceux là). Jean "lis" également tout ce qui lui tombe sous la main et qui parait attrayant : magazines peoples, revues publicitaires, les "Femmes actuelles" de sa mère, "Footmag" de son père et "La Meuse" du grand père. Il va à l'école aussi et afin de se faire intégrer dans un groupe, il doit adopter le mode vestimentaire d'un groupe. C'est ici qu'interviennent les bases du classement. Jean va avoir le choix entre deux mouvements vestimentaires :
    Premièrement : le mouvement "fashion", mouvement qui suis la mode dictée par les vecteurs médiatiques précédemment cités. Ce mouvement nécessite une capacité boursière conséquente de la part des parents, les marques étant plus chères. Je les appellerais (péjorativement, désolé), les barrakis (d'aucuns les appellent les ronis, les fashions victims ou les barlos).
    Et deuxièmement, on a le mouvement que je qualifierai temporairement de "neutre", qui rassemble ceux dont, soit les parents ne peuvent pas fournir la somme requise, soit ceux qui sont, malgré tout, moins influencés par les médias.

    Dans le premier groupe, Jean sera instantanément adopté : ses habits prouvent d'eux mêmes que Jean est un bon gars, certes pas très malin, mais au moins, il se plie aux règles soit disant "du groupe" (car le groupe est convaincu que c'est lui même qu'il a décidé de s'habiller comme ça).
    Dans le second, Jean sais qu'il va vers des ennuis : à peine rentré à l'école que toute une bande de types habillés en petites stars se moquent de ses vêtements de seconde main. Et comme Jean n'a pas une bonne tête et qu'il est timide, les autres le prennent comme bouc émissaire (voir article sur Girard très prochainement). D'autre part, Jean rencontre d'autres boucs émissaires et se lie d'amitié avec eux. Entre eux se créent des liens amicaux d'autant plus fort qu'ils doivent sans cesse se soutenir moralement parlant face au mouvement adverse.
    Pour en revenir au premier groupe, Jean se rend vite compte que pour se faire respecter dans cette bande, il faut impérativement se maintenir à jour, et donc, il faut que les parents suivent. Du coup, Jean devient capricieux et colérique. Ses vêtements deviennent sa véritable identité, sans eux, il n'est rien. Et d'autre part, à force de fréquenter des gens odieux et belliqueux (qualités requise pour rester maître de la situation et se moquer ouvertement des "neutres"), Jean devient lui même odieux et belliqueux.

    Les années passent... Jean a maintenant 12 ans et il doit choisir une école secondaire. Suivant ce qu'il a comme ambitions (intellectuelles et sociales) et comme résultats à la fin de ses primaires, il choisit une école plus ou moins stricte au niveau de la matière et de la discipline/morale... C'est ici que le classement commence.

    S'il est barraki (pur et dur), il n'en aura rien à foutre de ses études, ne voulant seulement qu'un endroit où se la couler douce pendant six ans et pouvoir montrer à tous que c'est lui le plus fashion victim de la bande. Il choisit l'école publique (moins chère en plus, ce qui rime avec plus de vêtements).
    D'autre part, Jean commence à s'intéresser de près aux arts tels que la musique, la photographie et le cinéma. Du côté musical Jean a décidé de suivre le mouvement général de son groupe (celui dicté par les radios populaires et la télévision) : le rap (facile à comprendre, masculin et les interprètes s'habillent comme Jean), le R'N'B (idem) et la techno (la musique des discothèques, ouaiiiiiis). La pop peut être également comprise, mais moins (c'est vieux jeu, mais bon, il y a quand même quelques chansons qu'on passe à la radio et deviennent écoutables à la longue). Le cinéma est également concerné. Le style favori de Jean ? Les films d'action ! Mais oui, les trucs faciles à comprendre avec des flingues, des grosses caisses, du feu, du cul, un acteur bodybuildé (accessoirement) et qui s'habille comme Jean : "classe". La photographie est elle aussi concernée par les goûts "de Jean". Jean aime bien garder des souvenirs des films qu'il a vu au cinéma et à la télé (qu'il branche sur MCM, Mtv ou Plug dès son retour de l'école). Alors Jean collectionne sur son Microsoft Windows XP, Pentium 2 (Disque dur de 60Go et 512Mo de RAM), les images issues de ses films favoris (généralement des mecs bodybuildé et bronzés en compagnie de leur voiture et d'une fille pulpeuse). Il aime également les photos de ses stars favorites (équipé de cuir, lunettes de soleil, chaînes en or et cigare). Ou encore des filles presque nues, des voitures de sport, la maison de leur star favorite etc.
    Jean rejette : la culture (putain, c'est chiant), l'éducation (j'en ai rien à foutre de l'école), l'ouverture d'esprit (les livres, c'est qu'de la connerie) et la langue française courante (eh, fils de pute, tu m'vénère ! [Ça signifie : tu m'énerve et si tu continue je te casse littéralement la gueule]). De plus, il mène une lutte acharnée (basée sur la moquerie "brize nice" et la violence élémentaire) contre tout le reste des jeunes différents de lui et "ses" goûts.

    Revenons au second groupe.
    Jean entre dans une école privée, endroit sûrement plus cher, mais où il pourra travailler dans une ambiance plus écolière et rigoureuse. Très vite, Jean s'intéresse à tel ou tel cours en particulier et pense à son avenir. Mais il se passionne également pour les arts, depuis plus longtemps que la première catégorie cependant. En effet, sa marginalisation en primaire l'a poussé à devenir introverti et chercher un quelconque réconfort dans la culture. Il entre donc en secondaire avec un bagage culturel élémentaire solide. A présent, il essaye toujours un maximum de chose avant de choisir ce qu'il préfère et ne recule jamais devant de nouvelles expériences et découvertes. Et grâce à ses nouveaux amis, il découvre différentes cultures et morales. Au fil des années, Jean se forge un caractère plus ou moins indépendamment des autres et de la société (où il observe sans trop comprendre des phénomènes tels que le mouvement barraki [qu'il fuit comme la peste depuis longtemps]). Il se heurte tôt ou tard contre des mouvement plus atypiques et minoritaires (métaleux, gothiques, punks, grunges, etc.). Là, Jean peut décider d'en faire partie, ou pas... Il peut décider de rester "normal", ou bien marquer clairement son appartenance aux groupes amateurs de musique marginale, rebellés contre la société et luttant contre les normes qu'elle impose. S'il reste "normal", il n'en sera pas pour autant rejeté par les mouvements précédents car ceux-ci ne se basent pas sur l'apparence pour juger quelqu'un… Il fait maintenant partie de la catégorie que je nommerai rebelle. Les particularité de ce groupe sont donc une ouverture d'esprit relative, une apparence atypique (optionnel), méfiance voire hostilité par rapport aux médiatisations excessives et un poil de paranoïa. [Attention !!!! Un rebelle n'est pas obligatoirement très bon à l'école (rarement même).]
    Musicalement parlant, Jean aime la musique qui lui a été donné de découvrir au fil des années et qu'il trouvera objectivement écoutable – que ce soit du rock, du rap, du R'N'B, de la techno ou autre, il aimera ce qu'il aime parce que LUI l'aura décidé, il conserve ainsi son esprit critique individuel. Il en va de même pour le cinéma, la littérature, la photographie, et tous les autres arts : Jean fera à chaque fois son possible pour juger par lui-même de ce qu'il aime et n'aime pas.
    Jean rejette : le despotisme, le monopole et l'endoctrinement.

    A ces deux grandes catégories de jeunes doit venir se greffer une autre assez nébuleuse et souvent ignorée. C'est celle de ce qu'on pourrait nommer les "intellos". Cette catégorie de jeunes, pas cultivée pour autant, représente tous ces élèves qui ne vivent que pour leurs études. Ceux qui ne connaissent que ce qu'ils ont vu à l'école et on des 90% partout. Ils sont plus dans l'optique de la seconde catégorie mais en plus aliéné. Car l'école est elle aussi aliénante si on n'y prend pas garde. Généralement, cette catégorie de gens se particularise par un manque (pas dérangeant) d'amis, des lunettes, un bâton dans le cul, un bouquin dans la poche et une ignorance quasi complète de la culture extérieure à celle enseignée à l'école.

    Et voilà ! Vous avez sous les yeux, selon moi, les trois catégories mères de jeunes qu'on peu trouver de nos jours (barrakis, rebelles et intellos). Ces catégories n'ont pas la prétention de décrire chacun dans ses moindres détails. Elles décrivent le stéréotype même du barraki, rebelle et intello, et ont pour but de classifier GENERALEMENT les individus de notre société. Je vous mets au défi de trouver un barraki/rebelle/intello pur. Voici plusieurs exemples d'exceptions à la règle, les hybrides, ceux qui prennent parfois le meilleur, parfois le pire, de chaque catégorie : Certains sont barrakis et ont de bons points à l'école, certains sont cultivés et réussissent à l'école. Certains ratent à l'école tout en étant très cultivés. Certains acceptent le système tout en étant cultivé et en réussissant leur scolarité. Et puis surtout, il y a les autres…

    N.B : Si vous vous sentez d'une quelconque manière insulté par ce texte, je vous conseille vivement de vous remuer le cul afin que ça change, le blog n'est pas fini…

    N.N.B : Je ne prétend en aucun cas détenir la vérité, ce texte est entièrement subjectif et ne fait qu'exposer mon point de vue personnel (les barrakis qui viennent de lire le texte peuvent respirer).


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